Plutarque, dans sa Vie d’Alexandre, raconte comment une nuit, en -331, alors qu'Alexandre le Grand projette de construire une ville en Egypte, il rêve d’Homère qui lui parle de l’île de Pharos. Au réveil, il part voir cette île et commence à tracer les contours d'une cité sur la côte qui lui faisait face. Alexandrie va naître, et deviendra dans l’Antiquité le premier port d’Egypte et la capitale du pays. Elle sera à son époque l’un des plus grands foyers culturels de la Méditerranée, sa fameuse Bibliothèque étant sans conteste l’un des principaux fondements de sa notoriété.
La ville d’Alexandrie est située à l'ouest du delta du Nil, entre le lac Maréotis et l’île de Pharos. Elle est rattachée à cette île par l’Heptastade, qui est une sorte de digue servant aussi d’aqueduc et qui a permis non seulement l’extension de la ville mais aussi la création de deux ports maritimes.
La célèbre bibliothèque d'Alexandrie de l'Antiquité fut construite à l'époque ptolémaïque et fut réputée pour la richesse et le grand nombre d'ouvrages qu'elle renfermait (estimée à 700 000 volumes). Les causes de sa destruction restent encore obscures et font débat. Rappelons que c'est à la suite d'un immense incendie que le feu avait ravagé les 700 000 volumes.
Le souvenir de cette exceptionelle bibliothèque a inspiré un projet conduit conjointement par l'Unesco et l'Egypte : la bibliothèque du monde méditerranéen (Bibliotheca Alexandrina). Cette bibliothèque moderne a été construite sur les ruines de l’ancien édifice antique. Elle devrait pouvoir accueillir environ 5 000 000 de volumes. L'architecture de la Bibliotheca Alexandrina avait été minutieusement choisie suite à un concours qui avait été organisé par l'Unesco ; c'est la proposition d'un bureau d'architecture norvégien qui avait été retenue. Le plan a été réalisé par l'ingénieur égyptien Mamdouh Hamza.
A côté de la salle de lecture se trouve trois musées, cinq instituts de recherches ainsi que des salles d'expositions. A l'intérieur de la Bibliothèque d'Alexandrie, les salles de lecture sont sur sept niveaux dont quatre sous le niveau de la mer. De hautes colonnes ornées de fleurs de lotus décorent l'intérieur des salles de lecture qui peuvent recevoir jusqu'à 2 000 personnes.
Un musée est réservé à des milliers d'anciens manuscrits, dont deux copies de la Bible offertes par le Vatican à la Bibliothèque ainsi qu'une copie du livre de la Description de l'Égypte. Il possède une copie identique de la pierre de Rosette et un livre du mémorandum de l'inauguration du Canal de Suez, comprenant des tableaux de la cérémonie du voyage des reines et des princes, dessinés par l'artiste du Khédive Ismaïl.
Le Phare d'Alexandrie, le phare de l'île de Pharos, fut considéré comme la dernière des sept merveilles du monde antique et a servi de guide aux marins pendant près de dix-sept siècles (du IIIe siècle av. J.-C. au XIVe siècle).
La construction du phare aurait débuté vers -297 (la date exacte est inconnue) et duré une quinzaine d'années. Les travaux sont initiés par Ptolémée Ier mais celui-ci meurt avant la fin du chantier qui est achevé sous le règne de son fils Ptolémée II.
Jean-Yves Empereur (archéologue et égyptologue français) a déduit de ses travaux que le phare d'Alexandrie devait être un bâtiment à trois étages comprenant une base carrée légèrement pyramidale, puis une colonne octogonale, et encore au-dessus une petite tour ronde distale elle-même surmontée d'une statue.
Le phare devait donc probablement s'élever à une hauteur de 135 mètres et on pense que son rayon de visibilité s'étendait sur environ 50 kilomètres.
La base du phare devait mesurer environ 70 mètres de hauteur sur 30 mètres de côté et on y accédait par une rampe à arcades. Une cinquantaine de pièces servant d'habitation au personnel chargé de l'entretien du phare ou à entreposer le combustible étaient aménagées tout autour d'une rampe intérieure, ce quiexplique les fenêtres asymétriques qui suivaient en fait l'axe de la rampe intérieure. Cette rampe était assez large pour permettre le passage du bétail chargé d'acheminer le combustible. Elle donnait accès à une sorte de terrasse avec une rambarde de 2,30 mètres de haut entourée de quatre Tritons soufflant dans des cornes, un à chaque coin de la terrasse. Le deuxième étage était, comme nous l'avons vu, de forme octogonale et mesurait 34 mètres de hauteur et 18,30 mètres de largeur. Il comportait un escalier intérieur qui menait au troisième étage. Celui-ci était rond et ne mesurait que 9 mètres de hauteur. Il contenait lui aussi un escalier de 18 marches.
On a retrouvé immergées au pied du fort Qaitbay deux statues colossales : la première est celle d'un Ptolémée en pharaon et la deuxième, une statue d'Isis. Ces statues devaient être posées devant le phare de l'île de Pharos, pour être vues des navigateurs entrant dans le port. On ne sait pas avec certitude quel Ptolémée est représenté mais on suppose qu'il s'agit de Ptolémée II et que la statue d'Isis est en fait son épouse Arsinoé II que le pharaon avait divinisée après sa mort.